Les croyants sont invités à développer deux qualités qui vont l’aider à mieux vivre sur terre dans le respect de cette harmonie existante : Se contenter de peu et ne pas gaspiller.
De nombreuses paroles prophétiques nous invitent à nous contenter de peu et nous satisfaire de ce que nous avons.
« La richesse ne se trouve pas dans la quantité de bien matériels d’une personne. La véritable richesse est celle que l’on trouve au fond de soi-même (ou dans son contentement). »1
Il a également dit que « Ce qui est en petite quantité, mais qui suffit, est meilleur que ce qui est en grande quantité, mais qui finit par nous distraire. »2
Il a aussi dit que : « Quiconque, parmi vous, se réveille en toute sécurité, dans sa maison, en bonne santé et ayant à sa disposition suffisamment de nourriture pour la journée, c’est comme s’il possédait le monde entier et tout ce qu’il contient. »3
Ce principe est essentiel pour la préservation de la nature. En effet, nous avons trop l’habitude de penser que des modes de production plus vertueux comme les énergies renouvelables ou la nourriture locale et bio sont la solution à nos problèmes. Il n’en est rien. Si nous ne réapprenons pas à vivre simplement et à nous contenter de peu, la terre ne pourra pas suivre.
Prenons juste l’exemple de la viande. En 2017, la consommation mondiale de viande dépassait les 300 millions de tonnes (67 millions en 1957 !) ce qui représente 60 milliards d’animaux tués. En France, cela représente plus de 80kg par an et par personne. C’est environ le double de la moyenne mondiale. La FAO estime que 70 % de la surface agricole mondiale est utilisée soit pour le pâturage du bétail, soit pour la production de céréales destinées à les nourrir. Que se passerait-il si les habitants du monde entier se mettent à consommer autant de viande que les français ? Il faudrait alors trouver de nouvelles terres cultivables et donc couper encore des forêts avec toutes les conséquences que l’on connaît aujourd’hui. On voit bien que la seule solution concernant cette question est de limiter notre consommation.
Par ailleurs, le fait de se contenter de peu nous permettra peut-être de travailler moins car nos besoins d’argent seront réduits. Le proverbe dit : « si tu te contentes de quatre fois moins et que tu gagnes deux fois moins, tu seras deux fois plus riche ! »
Or nous avons besoin de temps libre pour renouer avec la nature, retrouver du temps pour cuisiner des plats sains et faits de produits locaux, réparer, fabriquer, entretenir, …autant de bonnes habitudes qui ne pourront que nous aider à mieux gérer cette nature qui nous a été confiée. Mais c’est aussi du temps nécessaire pour voir grandir nos enfants et renforcer nos liens avec nos proches.
Et tout en essayant de vivre de manière sobre et de se contenter du peu, le croyant est aussi appelé à ne pas gaspiller les ressources mises à sa disposition.
On trouve dans le Coran le verset suivant :
« Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères des diables »4
Un fait qui s’est déroulé du vivant du Prophète vient préciser ce que recouvre exactement cette notion de gaspillage : « Le Prophète passait à côté de Saad qui faisait ses ablutions. Il lui dit : « Quel gaspillage ! Saad répond : « Est-ce qu’il y a gaspillage dans les ablutions ? Le Prophète lui répondit : « Oui, même si tu es si tu étais au bord d’une rivière. »5
Cela nous montre que cette volonté de ne pas gaspiller n’est pas liée à la quantité de ressources disponible. C’est un principe établi par Dieu qui est Le propriétaire de la nature. Il faut prendre de cette nature uniquement ce dont nous avons besoin et laisser tout le reste dans son état naturel.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Chacun d’entre nous en France consomme en moyenne 40 000 litres d’eau par an ce qui fait plus de 100L par jour. Pour avoir cette eau propre au robinet, il faut des usines de potabilisation de l’eau qui consomme de l’énergie. Puis il faut nettoyer cette eau à la sortie de la ville avant le rejet dans la rivière. Tout ceci va contribuer à dégrader les écosystèmes.
De la même manière, nous jetons entre les hypermarchés, la restauration collective et nos foyers environ 130 Kg de nourriture par personne chaque année6. Comme pour l’eau, la production de cette nourriture génère beaucoup de dégâts sur les écosystèmes : produits phytosanitaires dans les sols et l’eau, destruction de la biodiversité, impact sur l’effet de serre dû aux machines agricoles et surtout au transport de la nourriture sur des milliers de kilomètres. Mais ce n’est pas tout ! Une fois nos déchets à la poubelle, il faut les transporter à la décharge ce qui représente des milliers de camions qui polluent nos villes. Puis ces déchets sont enterrés où incinérés, ce qui génère encore des pollutions. Toute ces dégradations sont au final totalement inutiles puisque cette nourriture jetée n’apporte rien en termes de besoin à l’individu. Est-il utile de rappeler que 800 millions de personnes souffrent toujours de malnutrition dans notre monde ?
Et saviez-vous que nous fabriquions chaque année sur terre 100 milliards de vêtements ?7 Beaucoup de ces vêtements sont portés moins de 10 fois voire jamais pour certains. Prenez une pause dans votre lecture pour aller ouvrir votre armoire. Combien de pantalons, de pulls, de chaussures ? Et combien de ces vêtements sont là et qui ne vous servent à rien ? Cette production de vêtements génère chaque année 1.2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre donc plus que tous les avions sur la planète8. Ils nécessitent également de gaspiller 4% de nos réserves mondiales en eau potable. Un simple jeans nécessite 10 000 litres d’eau ! La culture de coton pour nos vêtements utilise le quart des pesticides utilisés dans le monde. A cela s’ajoutent toutes les pollutions chimiques liées aux colorants. Puis toutes les pollutions lors du lavage de nos vêtements en fibres synthétiques qui libère à chaque lavage des microparticules de plastiques qui finiront leur course dans l’océan ! On estime que l’équivalent de 10 milliards de bouteilles en plastique se retrouve ainsi chaque année dans la nature.
On rapporte que le Prophète « avait l’habitude de coudre ses vêtements, de réparer ses chaussures et faire toute autre activité que les hommes faisaient chez eux ».9
Cette attitude nous montre une voie simple. Acheter des vêtements et des chaussures de qualité et les entretenir pour éviter ce gaspillage. Et encourager l’installation de producteurs et d’artisans locaux pour fournir une production locale et de qualité et à partir de fibres végétales et animales dans le respect de la nature pour confectionner nos vêtements. Certes cela nous coûtera plus cher à l’achat. Mais nous en achèterons beaucoup moins, les utiliserons plus longtemps, et au final nous ne serons pas perdants.
Nous voyons ici que le Coran et les paroles du Prophète vont guider l’être humain vers cet équilibre qui lui permettra de vivre sur terre et d’y prélever de quoi satisfaire ses besoins tout en conservant l’harmonie des écosystèmes.
1 Sahih Al Boukhari
2 Abu Ya’la, Ibn Adi et al-Albani l’a authentifié dans al-Sahihah
3 Sahih Al-Boukhari,
4 Coran, sourate 42, verset 37
5 Rapporté par Ahmad, 22112. Ibn Maja : n° 425
6 Ademe
7 Greenpeace
8 Ademe
9 Hadith sahih rapporté par Imam Ahmad dans al-Musnad, 6/121
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